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marine le pen - Page 27

  • Réflexions sur le patriotisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de réflexion intéressant d'Emmanuel Leroy sur la question du patriotisme, publié intialement sur Nations Presse Infos.

     

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    Réflexions sur le patriotisme

     

    Depuis longtemps déjà dans les milieux « identitaires » acception comprise au sens large, coexiste une double conception de la nation. L’une traditionnelle, plongeant ses racines dans la plus lointaine mémoire d’une France naissant au monde au Ve siècle lors de la conversion de Clovis au catholicisme, l’autre archaïque, et se voulant archéo-futuriste, reposant sur la lointaine origine commune des peuples indo-européens.

    La branche traditionnelle a subi une césure lors de la Révolution de 1789, et plus précisément le 21 janvier 1793 lors de la décapitation du roi Louis XVI. Depuis lors, se sont affrontées en France deux conceptions de la nation, l’une ante et l’autre post révolutionnaire. Il n’est pas dans mon propos de revenir ici sur les causes de cette révolution, mais bien plutôt de souligner que les révolutionnaires de 89, s’ils ont mis fin à un régime, n’ont pas mis un terme au destin de la France, ils lui ont simplement fait prendre une autre direction, et avec elle l’Europe, puis le monde entier. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’hégémonie culturelle française qui prévalut en Europe jusqu’au XVIIIe siècle, se doubla, dès l’avènement des Lumières mais surtout après la révolution française, d’une hégémonie idéologique qui emporta plus ou moins rapidement l’ensemble des régimes autocratiques européens jusqu’à la première guerre mondiale.
    Malgré cette forte tendance à l’universel, qui est en quelque sorte une des manifestations de l’exception française, il n’en demeure pas moins que les géniteurs de la république en France étaient des patriotes convaincus, et la conception des droits de l’homme dans l’esprit des pères fondateurs est indissociable de la notion de citoyenneté. Depuis la révolution de 1789, en considérant que l’épisode napoléonien puisse être interprété comme une tentative, avortée, de réconcilier l’ancien et le nouveau régime, légitimiste et révolutionnaire, ces deux France se sont côtoyées et combattues, jusqu’à la quasi disparition de la première entre les deux guerres mondiales, notamment à travers la condamnation par le Pape Pie XI de l’Action française en 1926.

     

    Dès lors, si l’on excepte les mouvements royalistes de diverses obédiences, les groupuscules radicaux passéistes ou les milieux libertaires, ne subsistent plus en France dans le champ politique que des partis se réclamant de la logique républicaine. Le Front national appartient à cette catégorie, car dès sa naissance en 1972, ce parti entendait respecter et promouvoir les règles républicaines. De ce fait, et sur le strict plan de la conception des institutions et du partage des pouvoirs, le Front National ne se distingue en rien des autres partis politiques français en ce début de XXIe siècle. En revanche, ce qui le distingue radicalement des autres partis, UMP, PS, EELV, PC, NPA, Parti de gauche etc., c’est qu’il est le seul à avoir compris l’importance cruciale que représentent conjointement les concepts de république pour la défense des institutions contre l’idéologie mondialiste et de laïcité pour la défense du peuple contre l’envahissement de l’islam. Le thème de la laïcité est particulièrement intéressant comme concept défensif face à une religion totalitaire comme l’islam – au sens où cette dernière englobe à la fois le spirituel et le temporel – mais il est clair que la neutralité laïque ne constitue plus un corpus idéologique et spirituel suffisant pour stopper sur le long terme la progression de l’idéologie mahométane sur notre continent.

    La branche archaïque du milieu identitaire, et dans mon esprit, le terme archaïque n’a pas de valeur péjorative, a paradoxalement surgi beaucoup plus tard que la branche traditionnelle. Le courant intellectuel qui a présidé à son apparition est né de mon point de vue dans l’entre-deux guerre et a réuni des intellectuels comme Bertrand de Jouvenel, Emmanuel Berl, Henri de Man ou encore Pierre Drieu la Rochelle. Même si ces intellectuels suivirent des chemins différents, ils partagèrent avec beaucoup d’autres l’horreur que fut la première guerre mondiale, et tentèrent chacun à leur façon d’inventer un monde où ces affrontements fratricides entre nations européennes seraient abolis. Ils ont de ce fait été des précurseurs dans le monde intellectuel européen de la mise en avant des idées européistes et ont accompagné ou précédé, consciemment ou inconsciemment, des personnalités telle que le fameux Richard de Coudenhove-Kalergi, agent patenté du Nouvel ordre mondial à travers, notamment le concept de Paneurope qu’il inventa. De manière plus tangible, la transcription de cet idéal paneuropéen dans les milieux nationalistes est née dans le tournant des années 60 du XXe siècle. Un des hommes-clé de cette évolution en a été Dominique Venner. Militant nationaliste, engagé dans le combat de l’Algérie française, il passera dix-huit mois à la prison de la Santé en raison de son engagement dans le camp des réprouvés. C’est à sa sortie de prison en 1962 qu’il écrit le manifeste Pour une critique positive dans lequel il oppose « nationaux » et « nationalistes ». C’est dans cette filiation intellectuelle que s’est construit un nationalisme révolutionnaire européen qui se détachera de plus en plus de l’idée de la nation française. Par la suite, cette évolution naturelle conduira à l’émergence de deux courants, proches mais distincts, l’un politique et qui aboutira à la création de plusieurs mouvements nationalistes révolutionnaires, l’autre métapolitique duquel émergera le GRECE, présenté comme « nouvelle droite » par les médias au tournant des années 1980.

    Avec le recul du temps et la dure loi de la confrontation au réel, force est de considérer que, dans une perspective politique, cette stratégie de la supranationalité européenne dans les temps actuels est à tout le moins un échec et en tout cas une impasse.

    Avant d’examiner plus au fond la raison de cet échec et la nature de cette impasse, il convient d’étudier les causes qui ont conduit Dominique Venner et avec lui beaucoup d’autres militants – dont je fus – dans cette voie qui ne sert objectivement que les intérêts du Système global.

    Dominique Venner est né en 1935 et a donc vécu de plain-pied et dans sa chair avec ceux de sa génération, toutes les défaites et les reculs que la France a connus depuis l’entre deux-guerres. Mai 1940, l’Indochine et l’Algérie enfin auront eu raison de son amour pour la mère patrie. Il n’y a qu’un amour déçu pour engendrer une haine inexpiable ou pire encore, un mépris infini. Cette France vaincue par les Allemands en 1940, puis asservie à nouveau par les vainqueurs anglo-saxons, humiliée et trahie en Indochine, et puis trahie encore par celui qui prétendait la sauver en Algérie, cette accumulation de défaites et de reculades a probablement été le principal facteur de perte de confiance dans la capacité de la nation à se régénérer.

    Dans ces années 60, devant tant de honte et avec aussi peu d’espoir de voir surgir une alternative politique, je comprends que des hommes comme Dominique Venner aient essayé d’imaginer une alternative à ce qui pouvait sembler à l’époque pour un militant révolutionnaire, une société bloquée et sans avenir. La voie naturelle d’un homme courageux pour sortir d’une impasse est bien évidemment d’en sortir par le haut. Et c’est ainsi qu’a été forgée cette idéologie politique nationaliste européenne, d’abord à travers le périodique Europe-Action, puis par le prisme de multiples revues et mouvements politiques et métapolitiques.

    Pourquoi le nationalisme européen est-il un échec sur le plan politique et pourquoi débouche-t-il sur une impasse ?

    Probablement pour les mêmes raisons, malgré l’extraordinaire disproportion de moyens mis en œuvre, qui empêchent les technocrates de Bruxelles d’achever la construction politique européenne, à savoir la persistance d’une remarquable hétérogénéité des peuples européens à travers leur histoire, leur langue, leur situation géographique, leurs intérêts géopolitiques ou stratégiques, leurs alliances traditionnelles ou leurs ennemis éternels. Allez donc expliquer aux Polonais, peuple enclavé situé sur la zone tectonique séparant le monde slave du monde germanique, qu’il est l’allié naturel des Teutons et que le passé récent ne fut qu’un simple accident de l’histoire. Essayons de comprendre comment l’Angleterre, puissance thalassocratique par excellence et qui s’est construite essentiellement durant toute son histoire contre la puissance continentale européenne, que celle-ci fût incarnée par les Habsbourg, les Bourbon ou par les succédanés impérialistes français ou germaniques des XIXe ou XXe siècle, comment ces Anglais, du moins leurs élites, pourraient-ils se contenter d’une simple ambition européenne alors qu’ils n’ont jamais eu d’autre volonté que d’asservir le monde à leurs intérêts mercantiles.

    Il n’en demeure pas moins vrai que les peuples européens se sont bâtis sur un substrat commun et qu’ils partagent tous une même origine, prouvée par la parenté de nos langues, remontant à plusieurs millénaires avant J.C.

    Mais cette lointaine origine s’est perdue dans les sables du temps, et les Celtes, les Latins, les Grecs, les Germains et les Slaves se sont fondus dans de nouveaux paysages avec d’autres peuples qui occupaient avant eux le territoire que nous occupons aujourd’hui, contribuant ainsi à forger des peuples différents, possédant chacun leur propre génie.

    Cette diversité fut en partie atténuée par deux phénomènes majeurs que furent la conquête romaine et l’établissement du christianisme. Le premier a laissé dans l’imaginaire européen le souvenir de cet empire universel et de la pax romana qui l’accompagnait, en même temps qu’une langue qui non seulement a contribué à forger les langues romanes mais a surtout servi de langue d’échange entre les élites européennes, notamment religieuses. Le christianisme fut le deuxième vecteur de réunification des peuples européens, même si le schisme de 1054, puis les troubles consécutifs à la Réforme, contribuèrent à réintroduire les ferments de la division entre les peuples européens.

    Parler d’une nationalité européenne relève aujourd’hui de l’utopie la plus complète et les peuples européens aujourd’hui, encore moins qu’hier, ne sont pas prêts à se fondre dans une entité politique unique qui laminerait leur particularisme ou leur spécificité culturelle. Plus encore, les riches nations européennes du nord ne sont pas prêtes à une péréquation de leur niveau de vie avec les pays européens du « Club Med » (cf. la crise grecque).

    Sur le champ d’action des mouvements nationalistes, que peut-on observer ? Quasiment chaque pays européen possède un ou plusieurs partis « identitaires ». Le spectre politique de ceux-ci s’étend du mouvement xénophobe et libéral au groupuscule néo-païen en passant par toutes les tendances du populisme à visées régionale, nationale ou européenne. Quelle Europe imaginer avec des mouvements nationalistes nordiques ou flamands qui se reconnaissent dans l’idéologie la plus libérale qui soit et dans un populisme parfaitement compatible avec le Système, notamment dans l’accompagnement de sa stratégie du choc des civilisations ? Quelle Europe créer avec une Ligue du Nord italienne qui considère Rome et toutes les terres du sud de la péninsule comme occupées par des barbares qui ne songeraient qu’à les voler ou les spolier ? Quelle Europe mettre sur pied avec des mouvements nationalistes issus de pays jadis sous domination russe et qui considèrent les Etats-Unis comme le sauveur suprême et le mode de vie consumériste comme le nirvana sur terre ?

    Quand je prêtais encore l’oreille aux vaticinations nationales-européennes, je me rappelle avoir entendu Guillaume Faye, auteur entre autres ouvrages du célèbre Nouveau discours à la nation européenne, rétorquer à un contradicteur qui doutait de l’intérêt de l’Europe de Bruxelles : « Bien sûr ! Cette Europe bruxelloise n’est pas la nôtre mais elle va dans le bon sens. Il nous suffit de monter dans l’avion, de braquer le pilote et d’en prendre les commandes afin de la conduire là où nous voulons ! ». Cette saillie remonte à la fin du siècle dernier et le problème c’est que depuis lors, non seulement nous ne sommes pas montés dans l’avion, mais que nous n’avons même pas réussi à prendre le taxi pour aller à l’aéroport !

    En d’autres termes, aucun groupe de pression d’obédience « identitaire » n’est présent à Bruxelles – hormis les quelques dizaines d’élus « populistes » dont le poids politique au Parlement européen est quasi-nul -, ni dans aucun des autres cénacles qui orientent la politique des eurocrates. Aucun de ces groupes n’a investi le champ du social, ni le domaine culturel ou celui des grands médias. Aucun ne dispose de capacité de frappe financière et l’influence dans le domaine des idées se limite, pour l’essentiel, à quelques petites maisons d’édition, une presse à tirage limité et à une présence –relativement forte – sur Internet.

    Au-delà de ce simple constat dont tout esprit honnête pourra convenir, il existe une autre évidence qui relève, là encore, de la simple confrontation au réel. Les nationalistes européens auront beau rêver d’une grande Europe de Brest à Vladivostok, cette vision du monde ne rencontre aujourd’hui aucun écho réel au sein des nations européennes. Mais en revanche cette vision romantique des patries charnelles sert objectivement les intérêts de la caste mondialiste et de ce que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne. Cette dernière après avoir dominé successivement sur la scène européenne les Espagnols, puis les Français et enfin les Allemands a désormais en ligne le mire le dernier grand peuple européen qui ne s’est pas encore soumis à leur diktat, à savoir le peuple russe. Aujourd’hui un nationaliste européen, même si sa vision politique du monde est aux antipodes de celle des technocrates de Bruxelles, en voulant dépasser l’idée de nation pour s’inscrire dans la construction d’une grande Europe mythique, sert les intérêts de l’oligarchie anglo-saxonne dont le but est de faire éclater les frontières pour mieux river les hommes au rêve fou de Big Brother.

    Dans le même esprit, je me souviens d’une autre anecdote partagée avec Guillaume Faye en 2005. Cette année-là, nous avions été invités, lui et moi, à une série de conférences en Russie, dont la principale devait être donnée à la Douma. Je me souviens encore de l’effarement de nos hôtes devant le discours national-européen de Guillaume Faye. Pour les Russes en effet, l’Europe est perçue aujourd’hui comme un nain politique au service exclusif de cette idéologie anglo-saxonne et qu’ils ont parfaitement identifiée comme leur ennemi principal. Pour les Russes, seul le réel compte. L’Europe, il la perçoive comme un adversaire qui ne cesse de vouloir leur donner des leçons et qui s’oppose à eux à la moindre occasion (Géorgie, conflit gazier, tracés des oléoducs…). En revanche, ils veulent croire encore en la possibilité de relations bilatérales entre nations, et notamment avec l’Allemagne. En ce qui concerne la France, ils ont bien compris qu’avec l’élection de Nicolas Sarkozy, les dernières braises de l’indépendance gaullienne allaient s’éteindre avec lui et le principal intérêt qu’ils perçoivent actuellement dans la relation franco-russe est le transfert de technologies, notamment dans le domaine militaire (cf. porte-hélicoptères Mistral). En revanche, les Russes, comme de nombreux autres peuples dans le monde, ont encore une vision de la France, et sont les premiers à déplorer son effacement et sa soumission aux intérêts anglo-saxons.

    Pourquoi seul le nationalisme français est-il d’essence révolutionnaire et pourquoi faut-il le transmuter en simple patriotisme ?

    Est révolutionnaire l’idée qui agit et qui fait bouger les lignes. En ce sens, indiscutablement l’idéologie nationaliste – au sens strict – est désormais perçue en France par une part croissante de concitoyens comme une véritable alternative au Système. Même un mouvement comme le Bloc identitaire, participe, presque à son corps défendant, de la résurgence de l’idée de nation, lorsqu’il défend à travers ses actions l’enracinement national comme un moyen de s’opposer à la subversion mondialiste. Certes, il tente de relativiser ce cadre par un enracinement local pour mieux l’étendre à une vision paneuropéenne, mais celle-ci est d’autant moins pertinente que les Français prennent de plus en plus conscience de la nature totalitaire et anti-démocratique de l’Union européenne. Après des décennies de lavage de cerveau orchestrées par les partisans du déracinement, le peuple français tente de se raccrocher à ce qu’il connaît et à ce qui lui paraît admissible en terme d’identité : Le patriotisme, notamment à travers la défense de la nation comprise à partir du prisme républicain, est probablement la dernière planche de salut à laquelle on puisse se raccrocher pour tenter de sortir le peuple français de sa léthargie mortelle. Le mot même de nationalisme a été trop sali et perverti par nos ennemis pour pouvoir être utilisé dans une perspective politique stricto sensu.

    Indiscutablement, le Front National rénové de Marine Le Pen dispose de la capacité attractive susceptible de réveiller les consciences et d’opposer une véritable alternative politique à l’idéologie mondialo-libérale. En ce sens, le Front national est le seul mouvement véritablement révolutionnaire, car il est le seul parti politique de véritable et légitime opposition à pouvoir prétendre accéder au pouvoir à court ou moyen terme. Dans cette perspective, il doit s’imposer désormais comme le nouveau tiers état ayant en ligne de mire le remplacement des élites bourgeoises qui ont trahi le peuple en se mettant au service exclusif de l’oligarchie mondiale.

    Immigration et islam : Quelle attitude adopter ?

    La politique du Front National, dès l’origine, a toujours été claire à l’égard de l’immigration : Ce sont les hommes politiques, (droite et gauche confondues) et le grand patronat qui ont mis en œuvre cette politique irresponsable de flux migratoires, et cela dès les années 60 du XXe siècle. Le but inavoué étant de désintégrer la nation par un apport de populations majoritairement inassimilables d’une part, et d’autre part de faire peser les salaires à la baisse en mettant en concurrence les travailleurs français avec les travailleurs immigrés. Il est évident que si on propose à un chômeur africain vivant dans son pays, et survivant avec un dollar par jour de gagner 1.200 € par mois il n’y aucune raison qu’il refuse cette proposition, surtout s’il sait que le régime social existant lui permettra de bénéficier également de toutes les aides sociales possibles, et cela qu’il soit clandestin ou régularisé. Si vous et moi étions à sa place, nous ferions exactement la même chose. Donc pour nous les causes véritables de la situation dramatique qu’a engendré le phénomène de déferlante migratoire sont clairement établies : Elles résultent d’une volonté politique, clairement manifestée par le décret du 29 avril 1976 relatif au regroupement familial signé par le Premier ministre Jacques Chirac. Si les phénomènes migratoires antérieurs constituaient principalement une immigration de travail, l’autorisation de regroupement familial dès 1976 transforme la nature de cette immigration en la transmutant de manière progressive en immigration de peuplement.

    Mais la recherche des véritables responsables de cette situation doit nous conduire à identifier les initiateurs de cette politique, ceux qui en sont les commanditaires c’est-à-dire ceux qui en ont tiré et en tirent encore profit. Laurence Parisot, patronne du MEDEF, remarquable incarnation de ce grand patronat imbécile a plaidé récemment (cf. Le Figaro du 16 avril 2011) « pour que la France reste un pays ouvert face à l’immigration ». Idiote utile du Système, Mme Parisot ne mesure probablement pas toutes les conséquences de tels propos, mais elle sait en revanche parfaitement qu’un certain nombre de ses amis, et qui ne sont pas tous du CAC 40, ne lui pardonneraient pas une prise de position anti-immigrationniste. On peut penser que la majorité de ses pairs du grand patronat sont dans la même logique d’idiotie utile, principalement motivée par des considérations d’ordre pécuniaire – un salarié étranger, clandestin ou non, s’exploite plus facilement, et pour moins cher, qu’un salarié français -. Mais derrière l’idiot utile, il y a toujours quelqu’un qui n’est peut-être pas très utile, mais certainement pas idiot.

    Illustration symétrique de la collusion UMP/PS dans le champ politique est le parallèle que l’on peut faire dans le domaine social avec l’alliance objective du MEDEF avec la quasi-totalité des syndicats (CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU) relativement à la préférence nationale. Une déclaration commune de ces derniers remontant au mois de mars 2011 affirme notamment « que la préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme ». Derrière des oppositions apparentes entre syndicats patronaux et ouvriers, destinées à donner le change et amuser la galerie, se dessine la même volonté anti-nationale, qui a d’abord porté préjudice à la classe ouvrière avant de s’attaquer maintenant aux classes moyennes en voie de paupérisation.

    L’immigré, et en cela je suis d’accord avec Alain Soral, n’est pas en soi, l’ennemi du peuple français, et ne doit pas être transformé en bouc émissaire, mais force est de reconnaître que l’immigration a été instrumentalisée par les tenants (de « gauche » et de « droite ») de l’idéologie mondialiste pour ébranler le socle de la société française.
    Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif que lui sur la volonté qu’auraient ces Français d’origine étrangère, et notamment pour les populations originaires du Maghreb, d’entrer en guerre contre le Système aux côtés des Français de souche. Je crois qu’Alain Soral sous-estime le poids de l’histoire, et notamment celui de la guerre d’Algérie, qui est encore très prégnant, notamment au sein de ces cultures de tradition orale ravivant sans cesse des blessures non cicatrisées. Au-delà de la figure de l’immigré, il est bien clair également que certains voudraient, à travers cette problématique, nous faire tomber dans le piège du choc des civilisations : Occident éclairé contre islam obscurantiste. Il est bien évident que s’inscrire dans cette logique sans réserve, consisterait à servir aveuglément les intérêts du Système, à savoir l’accélération du processus visant à obtenir la gouvernance mondiale par les partisans de l’idéologie anglo-saxonne. La lucidité et la réflexion permettent d’imaginer un résultat hétérotélique (c-à-d- que les objectifs visés par ceux qui ont mis en place cette stratégie de conflit civilisationnel seront très probablement différents des résultats qu’ils avaient imaginés). Au nombre de ceux-ci, on peut imaginer une inversion des flux migratoires et à tout le moins un arrêt de la progression de l’Islam sur notre continent.

    L’islam, sur le plan théologique est tout aussi respectable que n’importe quelle religion, mais à la différence de toutes les autres religions présentes sur le continent européen, il ne distingue pas entre le spirituel et le temporel. En cela, il est totalement subversif pour une société républicaine et laïque. Par nature, l’islam ne peut se satisfaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Ou il obligera les édiles à violer la loi, ce qu’il fait déjà, en obtenant des financements déguisés pour la construction ou la mise à disposition de lieux de culte, ou il deviendra assez puissant pour faire abroger cette loi afin d’obliger l’Etat à financer son développement qui s’accroitra inévitablement si rien n’est fait pour mettre un terme à la politique migratoire que nous connaissons.

    L’islam ne doit pas être stigmatisé, mais le danger que fait courir son développement spectaculaire, notamment à travers ses prédicateurs les plus extrémistes, ne doit pas être occulté. Si à une religion d’essence totalitaire – au sens encore une fois où toutes les activités humaines de ses membres sont codifiées par les hadiths du prophète – n’est pas imposé un code de conduite drastique qui permet de protéger les acquis de la liberté, alors tous les idéaux pour lesquels nos ancêtres se sont battus seront foulés au pied par les fidèles d’une religion qui ne connaît que la conquête, par l’esprit ou par les armes.

    Pour en finir avec la dernière dictature du XXe siècle

    Le XXe siècle a été le théâtre d’une confrontation entre trois idéologies totalitaires, étroitement imbriquées entre elles, nazisme, communisme et libéralisme. Elles ont des points communs et des divergences, mais toutes visaient à l’asservissement des hommes. Les deux premières ont heureusement disparu, mais il en reste une dont les ravages se font toujours sentir. Elle est probablement la plus dangereuse, d’abord parce qu’elle a vaincu successivement les deux autres en démontrant par là sa supériorité, ensuite parce qu’à la différence des deux premières, elle avance masquée sous la bannière attrayante des droits de l’homme, de la liberté et de la consommation.

    Toutes trois ont en commun d’être des idéologies du passé totalement inadaptées aux problématiques de notre temps. Par ordre d’apparition on a assisté d’abord à la naissance du libéralisme au XVIIIe siècle, puis du communisme au XIXe et enfin du nazisme au début du XXe. D’une certaine manière, les deux dernières peuvent s’analyser comme des réactions aux excès d’inégalités que suscitait déjà le libéralisme. Réaction au libéralisme, mais aussi au communisme, le nazisme devait sombrer dans ce qui restera comme une des plus abominables dictatures de tous les temps.

    Les points communs de ces trois systèmes reposent d’abord sur l’utilisation des masses à la fois comme objet de pouvoir et comme instrument de domination. Une distinction toutefois entre le libéralisme et les idéologies militaristes est que la première atomise les individus pour les mieux les massifier dans l’indifférencié, alors que les deux autres tentaient d’obtenir l’adhésion des masses sur la foi en la suprématie d’une race ou d’une classe. Une fois que la masse est circonvenue et adhère à l’idéologie, par la persuasion et/ou la terreur, elle devient l’esclave de l’oligarchie au pouvoir et les individus qui la composent deviennent des militants actifs au service exclusif du système en place, quel qu’il soit – on l’a vu avec la transformation rapide en République démocratique allemande, des militants nazis qui se sont transformés sans état d’âme en militants communistes du jour au lendemain, et on a vu également dans les ex-pays communistes d’Europe de l’est, la nomenklatura communiste se transformer en oligarchie libérale avec une simplicité et une rapidité déconcertantes -.
    Autre point commun, la domination d’une caste de privilégiés sur les masses : parti nazi ou parti communiste pour les deux idéologies à dominante militariste, mais plus grande subtilité de la part de l’idéologie libérale dont les véritables dirigeants sont beaucoup plus discrets, ne portent pas d’uniformes et ne paradent pas sur des tribunes officielles devant des armées défilant au pas de l’oie.
    Méthodes comparables encore dans l’utilisation de la propagande, ou de la publicité, qui vise à conditionner les foules pour les faire obéir à des réflexes pavloviens, supériorité d’une race, supériorité d’une classe, ou plus subtil, vendre le désir de consommation et l’individualisme forcené comme la forme la plus aboutie de la liberté.

    Autre parallèle que l’on peut établir entre ces trois idéologies est celui de la notion d’enfermement. Le nazisme et le communisme resteront dans l’histoire comme les deux dictatures les plus sanguinaires qui aient jamais existé et au-delà des guerres qu’elles ont suscitées, c’est dans l’emmurement et l’extermination de leurs opposants qu’elles étaient contraintes d’agir pour assurer leur pérennité. Là encore, la dictature libérale est plus habile : Pas de camp de concentration, pas d’extermination de masse (pas encore ?) mais utilisation massive des médias pour intoxiquer quotidiennement les peuples, grâce notamment à l’instrument majeur de contrôle des esprits que constitue la télévision. Si l’enfermement est plus subtil, il est néanmoins présent par l’omniprésence et l’omnipotence de l’argent qui enchaîne l’individu dans une frénésie de consommation stérile qui ne sert qu’à enrichir les commanditaires du Système et à asseoir leur domination. Autre raison de la pérennité du plus vieux système d’oppression des peuples, est qu’il a l’habileté de se cacher derrière ce qu’il appelle « la main invisible du marché ». De ce fait, ceux qui accaparent les plus grandes richesses deviennent les véritables maîtres de la main invisible par leur capacité à orienter ce marché dans le sens qui leur convient. Ensuite, et c’est là que se situe le véritable nœud gordien du libéralisme, l’habileté suprême de Big Brother, c’est que nous sommes tous partie prenante de ce système, quand bien même nous le combattons, dès lors que nous consommons à travers les circuits qu’il a organisés, nous alimentons la machine destinée à nous asservir. Le seul moyen de trancher le nœud est de redonner au politique toute sa place et à l’économie rien que sa place, L’économie n’est pas une science, mais un simple moyen destiné à être au service de l’homme et ne doit pas être un moyen utilisé pour mettre l’homme au service de l’économie.

    Dernier élément de comparaison entre ces trois dictatures, apparemment si dissemblables, le manque total de respect pour l’être humain. Face à ces trois visions du monde totalitaires, une seule attitude est possible c’est celle de la résistance à l’oppression. Tout autre choix relèverait de l’esprit de collaboration. Il n’est plus nécessaire, et c’est heureux, de lutter contre le fascisme et le communisme sur notre continent, mais il est du devoir de tous les patriotes, de tous ceux qui aiment la France, sans considération de sang ou de religion, de tous ceux pour qui le mot de liberté a encore du sens, de marcher ensemble pour abattre la dernière vieille dictature encore debout en ce début de IIIe millénaire, la dictature de l’argent. Patriotes de tout le pays ! Unissez-vous !

    Emmanuel Leroy (Nation Presse Infos, 21 juin 2011)

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  • Orphelins de partis et d'idéaux ?...

    Dans le numéro 68 de Flash, le journal gentil et intelligent, on s'intéresse à ces Français qui, venant de tous horizons, rejoignent le parti de Marine Le Pen, mais aussi à la répression féroce de la "délinquance" routière et à ses objectifs réels... On brise aussi quelques idoles : sainte Anne Sinclair, saint Jorge Semprun... Et puis on va aussi voir qui sont les "indignés", les nationalistes hongrois ou les fondamentalistes protestants... Bonne lecture ! 

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    Au sommaire :

    Les néo-frontistes : qui sont ces nouveaux militants lepénistes ? David Rachline, Thierry Gourlot, Fabien Engelmann, Gauthier Bouchet et Vénussia Myrtil nous en disent plus !

    Les automobilistes encore plus mal traités que les délinquants multirécidivistes. Quand la répression routière se dissimule sous l'alibi de la sécurité... pour encore mieux nous soutirer nos deniers ! Entretien avec le porte-parole de la ligue de défense des conducteurs.

    Pour les fondamentalistes protestants, Jésus est isrélien !

    Pour le Parti nationaliste hongrois Jobbik, les enfants des Huns sont préférables à ceux des autres...

    Innocente, sainte et martyre ? Sainte Anne Sinclair ? On ne la fait pas à Topoline !

    Derrière les mouvements des "indignés", une nouvelle manip ? Clovis Casadue nous en dit plus...

    Paix pour les morts, mais que certains nous foutent la paix ! Jorge Semprun, "stalinien éclairé"...

    La "Conquête" avant la "Chute", le film sarkozyste passé au crible...

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  • Les snipers de la semaine... (23)

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    Au sommaire :

    - sur Justice au singulier, Philippe Bilger exécute proprement Caroline Fourest, la papesse du politiquement correct...

    Caroline chéri !

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    - sur son blog Eloge de la transmission, Natacha Polony, dans un très bon "papier" autour de l'affaire DSK et de ses suites, mouche les faux-culs de la caste politico-médiatique, les féministes hystériques et les gouvernants qui ont oublié les vertus de l'exemplarité... Beau tir !

    Quinzaine anti-sexiste et vertus de l'exemplarité

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  • Solidarisme ?...

    Le journal Le Monde dans un article de Caroline Monnot et Abel Mestre, publié dans l'édition du 28 mai 2011 et intitulé Les penseurs de Marine le Pen, souligne que, par l'entremise d'Emmanuel Leroy, un des conseillers de Marine Le Pen, le nouveau programme du Front national a été fortement influencé par la pensée solidariste . Pour éclairer nos lectuers, nous reproduisons ci-dessous un texte intéressant dudit Emmanuel Leroy, cueilli sur Altermedia infos,datant de novembre 2008, qui définit bien les principaux concept de cette pensée de "troisième voie"...

     

     

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    Pour la définition d'une doctrine solidariste

    La crise dans laquelle nous venons d’entrer démontre à nouveau l’extraordinaire désarroi dans lequel se trouve plongé le camp national dès lors qu’il est question de problèmes économiques ou sociaux. A de rares exceptions près, c’est le silence ou la dénonciation stérile de comportements scandaleux qui prévalent, sans qu’une solution alternative ne soit jamais avancée.

    La crise boursière de 2008 n’a pas donné lieu dans notre camp, sauf rares exceptions, à des analyses empreintes d’une réflexion de fond sur les causes de celle-ci et les remèdes à y apporter. Devant cette carence, une évidence s’impose : quel discours tenir face à un possible effondrement de la légitimité du Système ? Et quelle alternative proposer au peuple qui ne soit ni trotsko-marxiste ni libérale ? La réponse à ces deux questions a déjà été esquissée dans le passé. Nous proposons d’aller plus loin pour offrir une alternative radicale au Système, afin non seulement de tenter de l’abolir, mais surtout d’éviter tout retour possible du mercantilisme et de ses poisons.

    A l’époque de la révolution industrielle au XIXème siècle, la République a cherché à concilier deux exigences fondamentales : la liberté individuelle et la justice sociale. L’idée de solidarité, notamment avec Léon Bourgeois, apparût alors comme le moyen d’esquisser une troisième voie entre l’individualisme libéral et le socialisme collectiviste. D’une certaine manière, la France jusqu’aux années 70 avait su trouver une espèce d’équilibre entre socialisme et libéralisme mais l’accélération de la mondialisation à partir des années 80 a fait voler en éclat ce subtil équilibre au profit des oligarchies financières transnationales.

    La logique du Système est implacable : après avoir porté les coups de boutoir contre la nation (solidarité verticale), viennent maintenant les attaques contre le social (solidarité horizontale), derniers remparts contre la déferlante de l’indifférencié et du règne sans partage de l’argent.

    Le solidarisme est la seule réponse possible à opposer au jeu dialectique des deux internationales, libérale et trotsko-libertaire, qui se livrent devant nous à un jeu de pseudo-opposition, afin de mieux faire disparaître les peuples et les remplacer par une humanité esclave aux ordres du Système.
    L’intérêt de la notion de solidarisme est loin d’être purement historique: elle constitue une référence cardinale à tout débat sur la protection sociale et à la répartition des richesses dans la société post-industrielle du XXIème siècle. Or, une des raisons majeures pour lesquelles le camp national n’est pas audible en dehors des questions liées à l’immigration, c’est qu’il n’a pas été capable d’apporter aux Français des réponses claires sur ses conceptions économiques et sociales.

    A l’heure où le Système semble entrer dans une crise d’une ampleur sans précédent, ceux qui sauront concilier les intérêts de la nation et la défense des travailleurs sans briser la liberté des individus seront les vainqueurs de demain.

    Renaissance du solidarisme en 2008

    L’économie et le social n’ont jamais été au sein de la « droite nationale » des domaines qui ont suscité engouement et passion. Les tenants de cette doctrine, en partie influencés par les idées de Maurras (politique d’abord), n’ont pour les questions économiques et sociales qu’une vision distanciée où l’empirisme et le réalisme l’emportent sur les aspects doctrinaux (l’intendance suivra). Cette situation découle probablement du fait que nous sommes les héritiers de différents courants idéologiques où libéralisme et socialisme étaient présents. A l’issue de la seconde guerre mondiale, les camps politiques en Europe occidentale se sont artificiellement scindés en deux grands courants opposant une « droite » libérale et conservatrice à une « gauche » socialiste ou marxiste censée représenter les forces du progrès. Cette division artificielle était censée reproduire l’opposition entre « pays occidentaux libres » et « pays communistes opprimés ». Le courant national était à cette époque complètement marginalisé, en partie du fait de la propagande « résistantialiste » qui a réussi à établir comme une vérité que ses principaux leaders s’étaient mis sans exclusive au service de la France de Vichy ou de la collaboration la plus étroite avec l’occupant (cela sans tenir compte des nombreux royalistes et autres nationaux qui s’étaient engagés dès 1940 dans la résistance). Cette stigmatisation a conduit à la marginalisation quasi-totale des idées nationales/nationalistes jusqu’au début des années 80 qui ont vu l’émergence du FN. La première moitié de cette décennie a été l’occasion véritablement historique de réunir sous l’autorité de JMLP l’ensemble des courants identitaires français. Chacune de ces chapelles idéologiques avait bien sa propre conception doctrinale ou philosophique mais les différences de points de vue ou les querelles étaient obérées par la primauté du leader du FN et par le primat qui était réservé à la question de l’immigration. L’analyse de l’ensemble des scrutins auxquels a participé le FN jusqu’aux années 95 montre à l’évidence que ses électeurs se déterminaient essentiellement sur le refus de l’immigration massive imposée par le Système. En effet, sur les questions économiques, le positionnement du FN n’apparaissait pas de manière claire et JMLP était à l’époque influencé par les idées libérales d’outre-atlantique. Sous l’influence de différents courants internes (solidarisme, christianisme social, anciens cadres du GRECE) le programme du FN entame dès la fin des années 80 une inflexion sociale très marquée et même si ce message est encore peu et mal relayé auprès de l’opinion, il constitue une rupture essentielle dans ce que l’on pourrait appeler « l’idéologie économique » du FN avec les idées libérales qu’il semblait auparavant professer. C’est cette mutation, qui intervient à un moment-clé de la vie politique française à un moment où la gauche, socialiste et communiste, s’est complètement ralliée à l’idéologie marchande du Système (dès 1983), qui devait permettre la progression significative des scores électoraux du FN jusqu’à la crise funeste de 1998. Malheureusement, les fruits de cette évolution, qui pouvaient conduire le camp national aux portes du pouvoir, ont été gâchés par la scission.

    L’un des éléments-clés d’un possible retournement de l’opinion à l’occasion de la crise financière de 2008 est la perte de légitimité que le Système va inéluctablement subir lorsque les conséquences sociales vont se faire sentir plus crûment. Mais il sera nécessaire à ce moment d’offrir une alternative économique et sociale crédible, sans laquelle nous risquons d’être perçus comme des espèces de sous-Besancenot. Cela implique d’adopter résolument un positionnement anti-Système -qui sera en résonance avec le refus de la constitution européenne exprimé par les Français lors du référendum de 2005- et qui ne se borne pas seulement à une dénonciation des effets pervers de la mondialisation, mais qui énonce également une politique claire et limpide sur nos conceptions économiques et sociales. La meilleure illustration que l’on pourrait donner de notre vacuité en matière économique est l’absence de réponse cohérente sur les questions économiques et sociales, et plus particulièrement sur les causes de cette crise. Il est certes difficile de répondre de manière lapidaire à une crise dont la complexité s’apparente à celle du noeud gordien mais, de manière succincte, voilà l’énoncé d’une position solidariste sur cette question :

    1. la classe politico-médiatique de Sarkozy à Besancenot) est collectivement responsable du désastre (conception matérialiste et économique du monde).

    2. Nous punirons les responsables de cette escroquerie gigantesque, financiers ou hommes politiques, qui l’ont provoquée, encouragée ou servie.

    3. Nous restaurerons une politique nationale où la notion de solidarité entre citoyens sera inscrite dans la Constitution et où seront proscrits les comportements anti-nationaux (délocalisations, privatisation des services publics…).

    4. Nous instituerons une politique économique et sociale où sera rétablie la souveraineté monétaire, restauré l’usage du franc et respectés les principes de préférence nationale et européenne.

    5. Seront dénoncés les traités qui subordonnent toute décision nationale à l’avis des autorités de Bruxelles.

    L’objet de cette note n’est pas de formuler un programme économique et social complet, mais plutôt de lancer un débat sur ce que pourrait être un solidarisme moderne. L’idée de fond est que la gauche, du fait de son orientation internationaliste, a rallié l’idéologie du Système et qu’ayant ainsi renié ses convictions et ses engagements, elle a trahi non seulement la classe ouvrière mais aussi les classes moyennes qu’elle avait su séduire dans les années 80. En agissant ainsi, elle a laissé ouverte la voie du social que seul le camp national peut légitimement emprunter. Je partage l’analyse d’Alain Soral sur ce sujet et soutiens notamment ses positions sur la gauche du travail et la droite des valeurs, comme dialectique permettant de dépasser l’affrontement droite/gauche et susceptible de restaurer les solidarités nationales en dépassant le concept de luttes des classes.

    C’est sur cette capacité à récupérer les électeurs séduits par les sirènes sarkozystes et à rallier les électeurs de gauche que se jouera l’avenir de la France.

    Une des difficultés majeures qui peut se présenter est celle d’un discours « social » qui pourrait effrayer une partie de notre électorat traditionnel (artisans, commerçants, patrons de PME, indépendants). Pour éviter cet écueil, il convient à mon avis de sortir des sentiers battus et d’imposer de nouvelles définitions dans le vocabulaire politique français. En effet le champ sémantique utilisé par les politiques ou les médias d’aujourd’hui dans le domaine social reprend peu ou prou les termes utilisés par la gauche socialiste ou marxiste du XIXème siècle. Certes le terme de « prolétaire exploité » n’est plus guère usité mais celui de « patrons exploiteurs » l’est encore et parfois à juste titre et cette perception de « patron de droit divin » est encore bien ancrée à gauche et c’est sur cette perception, en partie erronée, qu’il convient d’intervenir. Il faudrait ici introduire une distinction fondamentale entre petits et grands patrons, qui ne participent pas du même monde, ne jouent pas dans la même cour et souvent ne poursuivent pas les mêmes objectifs. N’oublions pas que l’ensemble des artisans, commerçants, petits patrons et indépendants représente environ 3 millions de personnes en France, qui produisent l’équivalent d’environ 60% du PIB quand seulement 500 grandes entreprises produisent les 40% restant. Il est clair que le Système s’appuie principalement sur les 500 patrons de ces grandes entreprises -intrication des intérêts financiers, médiatiques et politiques- beaucoup plus que sur les 3 millions d’indépendants à qui on ne demande que l’approbation tacite et qui ne sont nullement représentés sur le plan syndical. Donc, le maintien des positions du camp national au sein de cet électorat est essentiel et il devrait même se trouver amélioré si l’on parvient à introduire cette césure dans l’esprit des Français entre ce que l’on pourrait appeler les patrons responsables et les patrons commis.

    Le patron responsable c’est celui qui a investi ses propres fonds pour la création ou le rachat de son entreprise ; c’est celui qui travaille avec ses employés, souvent plus durement qu’eux ; c’est celui qui risque l’infamie et la perte de ses biens personnels en cas d’échec et non pas l’attribution de stocks options et de « golden parachutes » ; c’est aussi et surtout celui qui a une claire responsabilité de ses engagements vis-à-vis de ses employés et qui ne licencie que lorsqu’il y est acculé et jamais pour des questions de profits immédiats à la demande des actionnaires. Ce patron a un rôle social essentiel dès lors que la richesse qu’il produit bénéficie également à ses salariés et à la collectivité.

    Le patron commis est un pur produit du Système. Patron d’une banque ou d’une grande entreprise, multinationale ou non, il est souvent formé par les grandes institutions de la république (ENA, Polytechnique, Grandes Ecoles) et il est ensuite coopté par ses pairs avant d’intégrer son futur champ d’action. Avant l’accélération de la mondialisation, il pouvait être commis par l’Etat dans une de ces grandes entreprises nationalisées à statut public ou mixte dont la France s’était fait une spécialité (Renault, EDF-GDF, Charbonnages de France, SNCF, etc.) aujourd’hui où la puissance régalienne recule devant les diktats de la finance internationale, il est commis par les actionnaires (banques, fonds de pensions, investisseurs institutionnels), mais dans tous les cas de figure, il ne s’agit pas d’un patron au sens traditionnel du terme dans la mesure où non seulement il n’a pas investi un sou dans l’entreprise mais il doit au surplus rendre des comptes à ceux qui l’ont fait roi, et ces derniers aujourd’hui ne poursuivent qu’un unique but : la rentabilité maximale et rapide de leurs investissements. De ce fait la fonction sociale de solidarité avec les salariés de ces pseudo chefs d’entreprises disparaît au profit exclusif de leurs mandants avec le cortège inéluctable de délocalisations, licenciements, fermetures d’usines, etc. qui en découle.C’est donc contre ces patrons commis que le camp national devrait engager une vigoureuse campagne de dénonciation et non pas laisser à l’extrême gauche le bénéfice de ces actions qui a permis à ses leaders d’atteindre en cumul environ 10% des voix lors de la dernière élection présidentielle. Cela implique des actions de terrains, de manifestations de solidarité avec les ouvriers licenciés et de dénonciations systématiques des abus constatés.

    Le terme de solidarisme peut parfaitement s’intégrer à une nouvelle articulation du discours social du camp national. Le solidarisme peut se définir comme un système économique et social qui profite à tous dans la mesure où les sommes investies et redistribuées restent sur le territoire où elles sont produites, et bénéficient à l’ensemble de la collectivité sous la forme d’achats de biens ou de services, de salaires et d’impôts. On pourrait lui opposer le terme de capitalisme déraciné ou de capitalisme irresponsable où le capital investi a pour unique fonction d’être rentabilisé le plus rapidement possible au bénéfice exclusif des investisseurs. Le patron responsable fait du solidarisme dans la mesure où ses investissements et la création de richesses qui en découlent profitent à la collectivité. Le patron commis fait du capitalisme irresponsable dans la mesure où les profits qu’il réalise doivent toujours être réalisés au plus bas coût possible et visent prioritairement à payer toujours plus les actionnaires au détriment des salariés et de la collectivité.

    Ce discours doit être approfondi dans la dénonciation de la micro-classe oligarchique qui se partage aujourd’hui l’essentiel du pouvoir. Cette nouvelle classe de privilégiés est composée aujourd’hui, outre des hommes politiques nationaux du Système et des dirigeants des principaux médias, mais aussi des grands patrons banquiers ou présidents de multinationales. Le point commun négatif de ces stipendiés du Système est qu’ils travaillent unis contre les intérêts du peuple et au bénéfice exclusif de la finance internationale (cf. le sauvetage des banques à l’aide de nouveaux emprunts que les Français devront rembourser). La théorie de Marx sur la bourgeoisie exploitant le prolétariat pourrait être remise à l’ordre du jour, en intégrant l’idée que désormais une immense classe de néo-prolétaires, incluant les anciennes classes moyennes, est en train de voir le jour et qu’elle se trouve opposée à une oligarchie sans frontière appuyant son pouvoir sur la puissance financière et la religion des droits de l’homme.

    L’articulation de ce discours vise à faire comprendre aux électeurs de gauche, qu’il existe une économie « sociale » et solidaire, incluant la notion de profit pour tous, avec laquelle on peut s’entendre et un capitalisme international qui est leur pire ennemi et qui engendre, entre autres maux, le phénomène de l’immigration, qui a pour principal objectif, dans l’esprit de ses promoteurs, de faire peser les salaires des Français à la baisse pour augmenter les profits de l’oligarchie financière internationale.

    L’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux banquiers. Il est clair que cette option s’inscrit en rupture totale avec l’idéologie libre-échangiste du Système. Maurice Allais, seul prix Nobel d’économie français, préfère employer le terme de laisser-fairisme dans la mesure où le libre-échangisme serait parfaitement applicable dans de grands ensembles régionaux bénéficiant d’un niveau de vie comparable et subissant des contraintes sociales de même nature. Mais si les critiques de Maurice Allais contre les excès du Système sont intéressantes, cet auteur n’en reste pas moins un libéral et n’accepte pas la notion d’économie orientée et régulée nécessaire dans une conception solidariste.

    Comment définir une économie solidariste, organique et enracinée ?

    C’est avant tout une économie au service du peuple et non pour le bénéfice exclusif d’une oligarchie. De ce fait, elle est automatiquement subordonnée au pouvoir politique qui l’oriente mais ne la dirige pas, sauf dans certains secteurs cruciaux. Elle suit les orientations (incitations fiscales, exemptions ou réductions d’impôts, zones franches, interdictions, limites, restrictions) que lui pose l’Etat. De ce fait, elle agit librement dans un cadre donné en fonction de deux impératifs :

    1. assurer le bien-être de la population ;
    2. assurer les exigences stratégiques de l’Etat.

    Tant que l’économie n’est pas en crise et que ces deux impératifs sont satisfaits, l’Etat n’intervient pas. Dès lors qu’un dysfonctionnement intervient, extérieur ou intérieur (prix du baril de pétrole, pénuries alimentaires, hausse du prix des matières premières ou stratégiques etc.) l’Etat use de son pouvoir régalien pour imposer les mesures qu’il juge nécessaires (baisse ou hausse des prix ou des salaires, inflation ou déflation, augmentation des droits de douanes, contrôle des changes, etc.). En conséquence, et contrairement aux exigences du Système Global, il est vital pour un Etat qui désire conserver son indépendance et sa liberté d’agir, de se désendetter et de pouvoir disposer d’une banque centrale sous son contrôle direct afin de pouvoir jouer à sa guise sur la circulation monétaire dans le pays.

    Une économie solidariste doit reposer sur le principe de la libre concurrence mais en respectant les valeurs et les traditions des peuples où elle est appliquée. Contrairement à ce que pense les libéraux, tout n’est pas à vendre ou à acheter. En conséquence l’Etat doit réglementer les secteurs où il souhaite détenir le monopole (transports publics, énergie, défense, télécommunications, médias). Il est même souhaitable que ces secteurs restent sous le contrôle étroit et exclusif de l’Etat, notamment les télécommunications et les médias, du fait de leur utilisation potentielle comme armes stratégiques de désinformation.

    Afin d’éviter un assoupissement du système inhérent à toute fonction publique et à toute administration centralisée dépourvue de concurrence, il est souhaitable d’instaurer dans ces administrations un système de rémunération au mérite (comportant des limites), géré par une commission mixte de fonctionnaires de tous grades et d’experts indépendants extérieurs à l’administration.

    Pour protéger cette économie de tout choc intérieur ou extérieur, il convient de fixer un certain nombre de principes simples :

    1. tout ce que peut fabriquer ou produire le pays, sans coûts excessifs, et qui fournit de l’emploi à des salariés ou est considéré comme d’intérêt stratégique par l’Etat, doit être protégé par des droits de douane, variables selon la nature de la menace, ou être nationalisé.

    2. La monnaie nationale n’est pas une marchandise et il faut restaurer le système qui la place hors du champ des spéculateurs internationaux.

    3. L’Etat doit s’arroger le droit d’interdire toute société ou organisation étrangère dont l’activité peut être néfaste (sur les plans politique, économique ou culturel) pour le pays.

    4. L’impôt doit être juste et équitable et toucher proportionnellement toute les classes sociales (sauf les plus démunies) en évitant de frapper trop fort les hauts revenus ce qui risquerait de faire fuir les élites.

    5. L’Etat doit se donner les moyens, même à prix exorbitant et donc non compétitif, de fabriquer ce qu’il estime nécessaire pour son indépendance et dont la perte de savoir-faire lui serait extrêmement préjudiciable. (cf. industrie spatiale).

    6. Une économie solidariste doit favoriser le principe de fonctionnement des cercles concentriques : il faut qu’une région consomme prioritairement ce qu’elle produit. Si un produit n’est pas disponible dans la région concernée, c’est à la région la plus voisine de l’approvisionner. Si aucune région du pays ne produit le bien recherché, il sera importé, de préférence d’un pays avec lequel existe des accords bilatéraux d’échanges.

    7. Une économie continentale ouverte sur les deux océans doit mettre en place le principe de l’autarcie des grands espaces. Le continent Eurasien, de Brest à Vladivostok, possède largement en son sein de quoi satisfaire tous ses besoins essentiels. Pour les rares denrées (café, chocolat…) ou matières premières qu’elle ne posséderait pas, ou alors en quantité insuffisante, des accords de commerce internationaux avec les pays producteurs permettront de pallier la pénurie.

    Ces principes d’économie organique ne sont que de simples mesures de bon sens et ils étaient pratiqués naturellement par tous les Etats du monde avant que la maladie libérale et sa dérive libérale-totalitaire ne se répandent sur la surface de la terre. Ils pourraient être remis en place dans un débat comme alternative positive au système marchand mis en place par ceux qui visent à travers lui à s’assurer le contrôle de la planète.

    Notre particularité, c’est la logique de la troisième voie, celle qui réussit la synthèse entre le national et le social. Mais pour ce faire, il ne faut pas heurter de front ceux qui en sont restés à une logique dialectique simpliste de type gauche/droite, à savoir socialisme contre libéralisme. La meilleure définition possible pour un solidarisme moderne c’est : « Au travail, sa place, toute sa place ! Au capital, sa place, rien que sa place ! »

    Emmanuel Leroy (14 novembre 2008)

     

     

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  • Le retour des classes populaires ?...

    Le quotidien Le Monde a publié cette semaine un point de vue du sociologue Christophe Guilluy, qui a récemment publié un essai intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010), consacré au retour dans le paysage français des classes populaires.

     

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    Les classes populaires sont de retour en France

    En quelques décennies le Front national est devenu le porte-voix d'une part croissante des catégories populaires. Cette évolution n'est pas la résurgence d'un populisme ancien ou la conséquence d'une droitisation de l'opinion, mais il s'agit d'un processus contemporain lié à une recomposition sociologique et politique sans précédent. Le retour des classes populaires est ainsi corrélé à l'implosion de la classe moyenne tandis que la dynamique frontiste est d'abord le fruit de la fin de la bipolarisation.

    L'éclatement de la classe moyenne a libéré un nouveau "champ sociologique" qui rend de nouveau visibles les catégories populaires. Le surgissement dans le débat public de catégories, hier oubliées au profit des classes moyennes, est un indicateur essentiel de la nouvelle donne sociale.

    Si les classes moyennes avaient accompagné hier la "moyennisation" de la société française pendant la période des "trente glorieuses", plusieurs décennies de précarisation et de déclassement social favorisent aujourd'hui l'émergence de nouvelles catégories populaires. C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la résurgence politique et culturelle des milieux populaires. Désormais, ce sont ces catégories qui reflètent avec le plus d'acuité la réalité sociale du pays. Majoritaires dans la population active, les catégories ouvriers-employés représentent aussi une majorité des retraités. Elles recouvrent ainsi un très large spectre de la sociologie française.

    Si ces nouvelles catégories populaires ne se pensent pas comme une nouvelle "classe sociale", elles subissent néanmoins les effets négatifs de la mondialisation. Ainsi, l'essentiel des chômeurs, travailleurs pauvres et/ou à temps partiel sont issus de ces milieux. Cette insécurité sociale se double d'une nouvelle insécurité culturelle liée à l'émergence d'une société multiculturelle.

    Cette double insécurité explique que des catégories populaires très diverses, et hier parfois opposées, se retrouvent dans une même perception de la réalité sociale. L'employé du lotissement pavillonnaire, l'ouvrier rural, le chômeur du bassin minier ou le petit paysan peuvent ainsi partager une même critique des choix économiques et politiques des classes dirigeantes depuis vingt ans. Tous subissent aussi les mêmes logiques foncières et l'éloignement des marchés de l'emploi les plus actifs, ceux des métropoles.

    Ces nouvelles classes populaires sont-elles de droite ? Après la disparition du "peuple de gauche" au XXe siècle, assiste-t-on à l'émergence d'un nouveau "peuple de droite" ? Rien n'est moins sûr. L'analyse par la "droitisation" occulte une donnée essentielle : la fin de la bipolarisation.

    Désormais persuadée de la vacuité du débat droite-gauche, une majorité de Français ne font plus confiance aux grands partis. En 2010, un sondage Sofres/Cevipof estimait à 67 % le nombre de français qui ne faisaient plus confiance ni à la gauche ni à la droite ; une minorité d'entre eux arrivait encore à se situer sur l'échelle gauche-droite. Ce "ni gauche ni droite", particulièrement fort en milieu populaire, n'exprime pas une vague "protestation" ni la résurgence d'un populisme ancien mais résulte d'une réalité sociale et culturelle pour partie occultée par les grands partis.

    Pire, les responsables politiques continuent à vanter les mérites d'une mondialisation heureuse, alors même que les catégories populaires subissent une précarisation objective de leurs conditions de vie. C'est dans ce contexte que l'inanité de la bipolarisation ouvre un nouveau "champ politique" au FN.

    Mais ce n'est peut-être pas le plus important. Si le FN bénéficie de la fin de la bipolarisation et de la résurgence des catégories populaires, il ne capte qu'une part minoritaire de cette majorité de Français qui ne se reconnaît plus ni à gauche ni à droite. Il existe aujourd'hui un espace considérable pour qui souhaiterait répondre à la demande de protection des classes populaires.

    Dès lors, plutôt que de se faire peur avec la montée du "populisme" ou la droitisation des opinions, il convient de prendre acte d'une bonne nouvelle, celle du retour des classes populaires dans le champ politique. Un retour qui impliquera mécaniquement une recomposition politique qu'une majorité de Français attend.

    Christophe Guilluy (Le Monde, 25 mai 2011)

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  • Vote ouvrier et crise criminelle...

    Nous reproduisons ci-dessous ce point de vue de Xavier Raufer paru dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles. Un point de vue intéressant car l'auteur, criminologue de son état, s'adresse à ses "bons amis" les dirigeants de la droite et leur livre une analyse qui souligne cruellement leur échec patent dans la lutte contre la criminalité...

     

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    Vote ouvrier et crise criminelle

    Dans la culture chinoise, la notion de “bon ami” est cruciale car elle permet la vie sociale : entre “bons amis”, on se dit tout, la franchise est de rigueur. Adoptons donc cette culture millénaire et parlons franc, entre bons amis, aux dirigeants de la droite. Qu’à la future élection présidentielle, 36 % des ouvriers disent vouloir voter pour Marine Le Pen – la presse parle même de “plébiscite ouvrier” – n’est pas étonnant.

    Que ces ouvriers voulant voter Le Pen aient plus que doublé depuis la présidentielle de 2007, ne surprend pas davantage.

    Le diagnostic est même enfantin à poser : les ouvriers vivent, et sont condamnés à vivre, dans des quartiers toujours plus ravagés par une criminalité sans cesse plus grave – et ils ne le supportent plus. Pour l’essentiel, leur vote est ainsi un pur appel de détresse. Que des socialistes de salon et autres bobos gauche caviar osent ici parler de “repli” est carrément infâme – car il ne s’agit pas d’états d’âme ou de tourments fictifs – mais de peur, pour sa vie et celle des siens.

    Que se passe-t-il en effet dans les fameux “quartiers populaires” ? Ceci : début avril, « quatre hommes cagoulés, habillés de noir et portant des gilets pare-balles investissent un pavillon de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Ils forcent Bilal, 20 ans, à s’agenouiller dans le salon familial, et – devant ses parents – lui tirent deux balles de 9 mm dans la tête ». Dans le même département, les braquages s’enchaînent au quotidien – trois bijouteries en trois jours à la fin avril.

    Le 9-3 n’a pas le monopole des homicides. À la fin avril encore, Nordine (23 ans) est abattu à Chelles (Seine-et-Marne) par un “proche”, pour un motif “toujours inconnu”. Paris n’est pas épargné. Encore à la fin avril, des “gens du voyage”, certes “sédentarisés” mais pas apaisés pour autant, s’entretuent à la Kalachnikov, en plein jour, en pleine rue, dans le populaire XIVe arrondissement : 2 morts, un blessé grave. Dans le même temps, un incendie criminel et prémédité fait 5 morts et 6 blessés graves dans le non moins populaire XIXe arrondissement.

    Cela tous les jours, à longueur d’année, et sans répit, dans ces mêmes “quartiers populaires”. Pourquoi ce déchaînement criminel, qui terrorise les populations ouvrières de toutes origines ? Parce que – quelles qu’en soient les causes et les responsabilités réelles – la justice ne fait plus son travail : de l’aveu même du ministère de la Justice, « 100 000 peines de prison ne sont pas exécutées », les peines prononcées étant « en attente d’exécution ». Traduisons : par dizaines de milliers, des bandits sont dans les rues, libres de voler, voire de tuer. Où cette situation est-elle le pire ? Dans les ressorts de justice de Bobigny, Évry, Pontoise, Marseille, Lille, etc.

    Parce qu’aussi, une partie de la police peine à s’adapter. D’abord, ces propos médiatiques un peu troublants, car montrant un net déficit d’expertise entre enquêteurs « ne négligeant aucune hypothèse » et porte-parole ne tenant pas pour « spécialement privilégiée » la piste d’un règlement de comptes. Certes, la police réagit du mieux qu’elle peut – mais cela suffit-il ? Elle attrape les malfaiteurs qu’elle voit – , mais alors c’est trop tard, le crime est commis. Pour preuve, observons la Seine-Saint-Denis, l’oeil du cyclone criminel. Le préfet court d’une scène de crime à l’autre – il remporte même “le tableau d’honneur en termes de réactivité”. Réagir – réactivité : c’est bien sûr là où le bât blesse. Qui a jamais gagné une bataille en laissant l’initiative à l’ennemi ? En se bornant à réagir ?

    Faute de renseignement criminel pointu et précoce, la situation ne peut qu’empirer. Il faut ici un effort massif – l’État doit en savoir le plus possible et le plus tôt possible sur l’action, les effectifs et les préparatifs des gangs commettant l’essentiel des crimes inquiétant la population. Et ce, pour les surprendre en flagrant délit, les démanteler, les mettre pour de bon hors d’état de nuire. Telle devrait être la mission reine de la Direction centrale du renseignement intérieur. Or on sent cette belle machine policière plutôt absente du combat, pourtant décisif, du renseignement criminel.

    Tel est l’engrenage crucial : pas de renseignement intérieur efficace en matière criminelle, pas de progrès possible dans la lutte contre les gangs – donc reflux toujours plus massif des votes populaires vers ce qui est, à l’instant, la seule posture politique anticriminelle déterminée. Ce problème est d’évidence politique. C’est au sommet de l’État que doit se décider et se conduire la grande bataille préventive anticrime, vouée à pacifier les quartiers populaires. Avec des généraux qui veulent se battre. 

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 12 mai 2011)

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